Investissement Bitcoin : Quelles banques acceptent les cryptomonnaies ?

Le mot « bitcoin » a parfois l’effet d’un orage en salle d’attente : tout le monde l’a entendu, mais personne ne sait vraiment comment réagir. Un client franchit la porte, smartphone à la main, portefeuille crypto en hausse. Sourires de façade, puis soudain, à la mention de « cryptomonnaie », le masque tombe. Entre fascination et suspicion, les banques françaises oscillent : certaines guichets s’ouvrent, d’autres claquent sans préavis.

Pour celui qui tente de mêler compte courant et actifs numériques, le système bancaire hexagonal tient du labyrinthe. Qui fait le pari de l’innovation, qui campe sur le statu quo ? Derrière les comptoirs, une bataille silencieuse s’engage, entre le confort d’une longue tradition et l’appel du changement.

A découvrir également : Cryptomonnaies prometteuses prêtes à exploser

Banques et cryptomonnaies : où en est-on en France en 2024 ?

En 2024, la relation entre banques traditionnelles et cryptomonnaies relève toujours du funambulisme. Face à l’appétit croissant des investisseurs, les établissements français avancent sur la pointe des pieds. Les mastodontes du secteur — BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole — n’offrent pas de services crypto à proprement parler. Au mieux, ils tolèrent, souvent du bout des doigts, les mouvements depuis et vers les plateformes d’échange comme Binance, Coinbase ou Kraken. Mais gare aux contrôles renforcés : KYC multipliés, transactions bloquées au moindre soupçon.

Dans ce décor prudent, quelques acteurs tranchent avec le paysage. Delubac & Cie se distingue : première banque française à obtenir l’agrément PSAN, délivré par l’AMF, elle propose aujourd’hui des services bancaires taillés pour les entreprises blockchain et facilite l’achat/vente de crypto-actifs pour les particuliers. De nouvelles pousses, comme Deblock, affichent leur ambition de devenir la référence crypto friendly.

A lire aussi : Blockchain en finance traditionnelle : quel impact à venir ?

  • Revolut et N26 autorisent l’exposition à certaines cryptomonnaies, mais leur statut de néobanques sans licence bancaire française limite la portée de leurs services.
  • Boursorama, Fortuneo ou Hello Bank n’offrent pas d’achats directs, mais acceptent la plupart des flux avec les grandes plateformes, tout en gardant la main sur la surveillance.

L’écosystème français reste sous l’œil vigilant de l’AMF. Seuls les établissements enregistrés PSAN sont autorisés à proposer des services sur actifs numériques. Résultat : les investisseurs les plus aguerris naviguent à vue, entre réglementation mouvante, prudence bancaire et émergence de spécialistes aguerris.

Pourquoi les établissements financiers restent frileux face au bitcoin ?

L’attitude distante des banques françaises envers le bitcoin et ses cousins tient à un enchevêtrement de normes, de craintes et d’exigences réglementaires. Si le marché des actifs numériques séduit par ses promesses, la plupart des établissements préfèrent garder leurs distances.

La réglementation pose d’abord un cadre strict. L’AMF surveille le statut PSAN, désormais passage obligé pour toute entité qui veut jouer dans la cour des cryptos. Ajoutez à cela la vigilance de la BCE, les exigences européennes contre le blanchiment d’argent, et la crainte du faux pas réglementaire. Le chantier MiCA (Markets in Crypto Assets), toujours en cours, ajoute une couche supplémentaire de complexité et de contraintes techniques.

Ensuite, il y a la volatilité, marque de fabrique du bitcoin et des crypto-actifs. Les équipes de gestion des risques voient d’un très mauvais œil ces actifs capables de perdre ou gagner 20 % en quelques heures. Les règles de fonds propres, héritées de Bâle III, restreignent aussi la capacité à intégrer cette nouvelle donne dans les bilans bancaires.

La réputation du secteur, enfin, reste entachée par la peur de la fraude ou des usages illicites. Tant que le marché n’aura pas trouvé son équilibre et que les normes européennes (MiCA, AML) ne seront pas pleinement appliquées, la prudence l’emportera.

  • Le contrôle accru des flux par les banques répond à un impératif de conformité, mais complique sérieusement la vie des investisseurs désireux de bouger leurs fonds librement.

Quelles banques acceptent réellement les investissements en bitcoin ?

En 2024, la carte bancaire française face au bitcoin ressemble à un patchwork. Quelques banques crypto friendly assument leur position, mais la majorité des grandes enseignes — BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole en tête — ferment la porte aux virements directs vers les plateformes d’échange (Binance, Coinbase, Kraken) et rechignent aussi à accepter des fonds en provenance de ces mêmes plateformes. Résultat : nombre d’investisseurs voient leurs transactions bloquées ou croulent sous les demandes de justificatifs.

  • Delubac & Cie : pionnière, elle décroche le statut de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) et propose un compte dédié aux passionnés de cryptos.
  • Revolut et N26 : ces néobanques européennes facilitent l’achat et la vente de cryptomonnaies via leur appli, mais les virements vers des exchanges externes restent encadrés et limités.
  • Boursorama, Fortuneo : timidement, certains virements vers les plateformes crypto passent, souvent après présentation de justificatifs, toujours sous contrôle étroit.
  • OlkyPay, Bunq, Swissquote Bank Europe : ces spécialistes affichent clairement leur orientation vers l’écosystème crypto.

Face à cette mosaïque, beaucoup de Français optent pour une double stratégie : la banque classique pour le quotidien, et un établissement crypto friendly pour leurs opérations avec les plateformes d’échange. Mais chaque transfert reste soumis à des règles de conformité propres à chaque banque, ce qui impose vigilance et anticipation.

Banque Virements vers exchanges Achats/ventes de cryptos Statut PSAN
Delubac & Cie Oui Oui Oui
Revolut Limité Oui (in-app) Non
Boursorama Oui (sur justificatif) Non Non
OlkyPay Oui Non Oui

banque cryptomonnaie

Conseils pratiques pour sécuriser vos transactions entre banque et crypto

À mesure que cryptomonnaies et services crypto gagnent du terrain, la sécurisation des opérations entre banque et plateformes devient un enjeu brûlant. Les risques de fraude, d’hameçonnage ou de blocage bancaire s’accumulent, surtout en France où la réglementation se durcit sous le regard attentif de l’autorité des marchés financiers.

  • Optez pour un wallet non-custodial (Ledger, OlkyWallet…) pour stocker vos actifs numériques. Ce choix réduit l’exposition aux faiblesses d’une plateforme ou aux attaques de pirates.
  • Préparez toujours vos justificatifs lorsque vous transférez des fonds entre votre banque et une plateforme : origine des fonds, historique des transactions, preuve d’achat sur une plateforme enregistrée PSAN.
  • Adoptez une authentification forte sur toutes vos applis bancaires et comptes d’exchanges pour parer aux tentatives d’intrusion.
  • Consultez la liste officielle des prestataires de services sur actifs numériques (PSAN) agréés par l’AMF avant de réaliser une opération notable.

La coordination entre banques crypto friendly et plateformes exige méthode et anticipation. Certaines, comme Delubac & Cie, proposent des solutions tout-en-un pour des transferts fluides et sécurisés. Côté plateformes, les outils d’analyse on-chain ou de sécurisation avancée (KyPay, MPC) renforcent la protection lors des transferts.

Restez attentif aux frais, à la clarté des conditions d’utilisation et à la fiabilité des acteurs. Dans ce jeu d’équilibriste entre banques et cryptomonnaies, ceux qui maîtrisent les règles avancent plus loin, sans craindre d’être stoppés net par un mur invisible.

ARTICLES LIÉS